Poème à maman
Un seul être vous manqueEt tout est dépeuplé
Disait Lamartine dans son poème "L'isolement"
En souvenir de son amoureuse partie trop tôt
La mort ne laisse pas indifférent
Avant de faire son deuil
Commencent la douleur et la révolte
Le deuil ne viendrait qu'à celui qui sait l'attendre...
Je me souviens de maman
Très belle jeune femme sur les photos
Mariée à vingt ans puis rapidement maman
Elle était connue pour sa patience d'ange
Maman aimait la vie
Elle attirait les sympathies
Coquette elle l'était
Mais intelligente aussi
Tous l'aimaient et vantent encore ses mérites
Elle savait défendre le faible
Sous son aile les opprimés trouvaient place
L'assistante sociale elle ne se lassait de jouer
Maman aimait son Liban
Elle aimait son Beyrouth
Elle aimait sa famille de naissance
Mais mariée elle a tout quitté
Elle est partie avec son époux
S'installer dans son village du nord
Ses habitudes elle a adoptées
Sa famille est devenue sienne
Par amour
La citadine a tout abandonné
Par amour
Elle est devenue son autre moitié
Je me souviens de maman tout laisser
Quand papa rentrait
Papa, là, les taches attendaient
Mais lui, jamais ne devait patienter
Sa groupie elle l'était
Malgré la routine du mariage
Ils restaient l'un à l'autre accrochés
Faits pour s'aimer, ils l'étaient
Je me souviens de maman
Se mettre en quatre pour ses invités
Autour d'elle tous se rassemblaient
A l'unanimité, toutes les voix lui revenaient
Elle savait accueillir
Elle savait aussi écouter
Elle savait consoler
Son sourire était mon remède quotidien
Voilà bientôt sept ans
Qu'elle est partie pour l'au-delà
Pour une meilleure vie
Qu'ici-bas
Terriblement
Elle me manque
C'est le désert
Sans sa présence
Sans son soutien, la vie est rude
Sans son sourire, la vie est amère
Sans ses éclats de rire, la vie est silencieuse
Sans toi rien n'est plus pareil
Maman tu me manques
Wafa, le 9 juin 2017
Maman, cet ange de tendresse
Je me rappelle d'une femme toujours sourianteD'une femme à l'écoute
Ne se mettant jamais en avant
Une femme belle malgré des rondeurs
Une femme intelligente mais simple
Une femme aimant la vie malgré la douleur
Une femme d'union et de compréhension
J'ai toujours voulu ressembler à maman
Elle était née cinquième sur une fratrie de neuf
Elle était une petite fille espiègle
Elle craignait son père mais en exemple le prenait
Elle adorait sa mère mais son impartialité lui reprochait :
Son amour pour l'aîné de ses fils
Faisait passer les filles bien après
Que maman de défendre se pressait.
Maman aimait ce rôle qu'elle s'était inventé
Adulte à un militaire s’était-elle mariée
Sa famille elle avait adoptée
Après quelques épreuves
Avoir fait ses preuves
Par toute la famille appréciée elle était
L'indispensable membre elle en devenait
Sa nouvelle famille maman avait apprivoisée
Sincèrement elle les aimait
Quand plus tard son premier-né
Une fille, vit le jour
Quelle belle enfant !
On lui criait
J'étais sa fierté
Et cela me plaisait
Mais un jour dans les bras de maman
Un petit garçon ses yeux ouvrit
Il devenait son centre
Comme celui de toute la famille
Qui n'attendait que la naissance d'un enfant mâle
Le premier de la maison de grand-père
La place de maman devenait première
Maman aimait son fils
Elle le couvrait d'amour
J'en étais jalouse
Pourtant, à sa façon elle m'aimait
J'étais son enfant intelligent
J'étais l'aînée, la responsable
Et j'étais une fille
Dans un monde d'hommes
Elle m'a appris à devenir une femme
J'ai préféré la jalousie
J'ai préféré lui en vouloir
Et j'ai lutté pour ne pas lui ressembler
Aujourd'hui, qu'elle n'est plus là
Quand des difficultés m'assaillent
Une seule question me vient
Comment aurait-elle fait à ma place ?
Je me rappelle alors
D'une femme diplomate
D'une femme à l'écoute
Je me rappelle du bonheur partagé
Des réunions de famille
Qu'on ne voit plus guère
Elle savait tous nous réunir
Elle était aimée du plus petit au plus grand
Devant le petit, elle était petite
Devant le grand, elle grandissait
Mais prenait garde à ne pas le dépasser
Maman était l'ange de tous
Tous l'appréciaient
Mais un jour auprès de Lui,
Dieu l'a rappelée
Dans mes bras elle est partie,
Cette terre pour l'éternité
Elle a quitté
Aujourd'hui je n'ai plus que la prière
Pour crier à quel point
J'aurais aimé ressembler
A mon ange de tendresse.
Wafa, le 29 juin 2017
Maman est décédée le 29 octobre 2010 après deux ans de lutte contre une tumeur métastasée
La maison de mes grands-parents
Dans un village perdu au nord du LibanUn petit village chrétien entouré de musulmans
Nafissé, est son nom
Se trouve la plus belle des maisons
Celle de mes grands-parents
Elle se dresse à l'entrée du village
Une maison ni grande ni petite
Mais aux yeux d'un enfant
La plus belle qui existe
On y entre par un grand portail vert
Une grande cour nous accueille
Avec pour toit une vigne immense
Sur le côté gauche, le mur monte en escalier
Vers un toit plat tout en béton armé
Où trônent des plats de toutes sortes
Pour faire sécher herbes et graines
Des murs épais la composent
Les fenêtres timides sont peu nombreuses
En face de l'entrée est la cuisine
Les pièces sont grandes et fraîches
Elles forment un U à base large
D'un sommet à l'autre elles se suivent
A gauche la chambre des grands-parents
Elle communique avec la salle de séjour
Suit alors à la base du U
La grande cuisine qui fait face à la cour
Et la salle à manger
Et pour terminer la chambre de mes parents
Elle est restée intacte toutes ces années
On y trouve un immense lit et un placard
qui abrite encore nos linges d'enfants
Mais à l'autre bout du U
A droite de la cour
Se trouve encore une pièce
A entrée indépendante
Toujours fermée à clé
La chambre des secrets
Sur elle les légendes circulaient
De peur j'en cauchemardait
Je me souviens enfant
Déposée par un taxi
Avec mon frère et maman
Papa resté à la ville
Militaire oblige
Grand-mère les bras ouverts nous accueillait
"Mais comme tu as grandi !"
Et nous sans donner de réponse
En enfants dignes nous courions
Au pré chiper les fruits du verger
Grand-père nous y accueillait
Et pour ne pas revenir bredouille
Nous passions au poulailler
Quelques fruits en poche et des œufs chargés
Vers la maison nous repartions
Accompagnés par le grand-parent
En tenue traditionnelle toujours habillé
Assis sur les canapés extérieurs
Pendant que maman profitait
De son café à la cardamome parfumé
Nous sirotions notre sirop à la mûre du verger
Et sans pesticides s'il vous plaît
Les voisins affluaient par dizaines
De pousser les canapés puis les murs s'il le fallait
Tous venaient voir les enfants d'Abal-Walid
Wafa et Al-Walid
Sont-ils aussi beaux et forts que leur père ?
Il semblerait qui oui
Les marques laissées sur nos joues l'attestaient
"Qu'ils sont polis ! Que Dieu vous les garde"
Et maman avec le sourire de remercier
Le café en nombre arrivait
Et les baklawas de Tripoli, les meilleurs, aussi
Tous partis, le dîner servi
Repus, le dîner débarrassé
Mon grand-père avec sa gitane fumée
Maman débarrasse et range
Mon frère et moi autour de grand-mère installés
Les histoires allaient commencer
De Sindbad des Mille et Une Nuits
Aux princes et princesses des contes de fées
Elle en connaissait des milliers
Et nous d'en redemander
Sans nous lasser
Jusqu'au moment contraint du coucher
Je me souviens de nos dimanches matins
De cette course pour aller à l'église
De mon frère ou de moi
Qui serait le premier
Les adultes étaient à la traîne
Il faut dire que la pente était raide
De la première maison du village
A l'église qui le domine
Huit cent mètres seulement
Mais même les voitures y hésitaient
La messe finie
Nous quittions la nouvelle église
En l'honneur de Sainte Catherine d'Alexandrie
Pour visiter l'ancienne
Nous y allumions nos cierges et y brûlions l'encens
Pour faire nos prières et penser aux absents
La légende raconte qu'au moment où la nouvelle église a vu le jour
Le tableau, plusieurs fois centenaire, de Sainte Catherine y fut transporté
Mais le lendemain n'y était plus
Pour le trouver à sa place habituelle, dans l'ancienne chapelle
La décision alors a été prise
La restaurer et non la détruire
Et pour la dévotion elle persiste
On va y prier la Sainte pour qu'elle intercède auprès du Père
Je me rappelle que tout villageois avait sa copie du tableau
Elle trônait près du crucifix et d'une statue de la Vierge Marie
Je me rappelle aussi de mes réveils
De l'odeur du bon lait frais et chaud
Sucré au miel, nous y trempions nos "Kaak"
Les kaak étaient notre pain du petit déjeuner
A la texture d'un biscuit
Mais au goût d'une bonne baguette
Que j'aimais ces réveils
Loin de la ville et des tumultes de la guerre
Dans cette maison nous y passions nos vacances
Jusqu'au jour où la guerre trop forte
Ne nous laissait plus partir dans le nord
Où quitter le pays devenait une question
De vie ou de mort.
Ces jours heureux je n'avais pas sept ans
A treize ans je suis partie
A dix-huit je suis rentrée
Et la première chose que j'ai faite
En entrant dans cette cour est courir chercher grand-mère
Grand-mère je n'ai pas trouvé
Mais la chambre des secrets était ouverte
J'y suis entrée
En noir tout le monde était
Une photo de grand-mère y trônait
Des condoléances on y recevait
Et grand-mère à jamais dans mes souvenirs restera gravée.
Wafa, le 5 juin 2017
Superbe !!!
RépondreSupprimerLaurie
Merci beaucoup
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